Verticale et minérale
La première ZAT a pris place à Antigone, quartier spectaculaire construit au début des années 1980 par Ricardo Boffil, non loin de la place de la Comédie et de l’Ecusson, cœur historique de Montpellier. Dans ce territoire proche du Lez, le fleuve qui borde la ville, l’architecte catalan a installé Bodies in urban spaces, un décor urbain « postmoderne », minéral et piéton, où la ZAT a pu faire connaître son projet au plus grand nombre : l’exploration de Montpellier pendant 10 ans, en compagnie d’artistes engagés dans l’espace public. Ainsi fut racontée l’histoire du quartier Antigone et de la femme qui lui donna son nom.
Cette ZAT fut verticale et minérale : verticale afin d’inviter les spectateurs à lever les yeux et à ralentir le rythme pour découvrir l’étonnante architecture d’un quartier généralement traversé d’un pas rapide, minérale car elle voulait réchauffer et faire vibrer le béton d’Antigone.
Les dizaines de milliers de spectateurs de cette ZAT inaugurale ont vu, notamment, les inoubliables « performeurs » de l’autrichien Willi Dorner se glisser dans d’improbables interstices, les danseurs de Retouramont habiter le ciel, l’artiste berlinois Johan Lorbeer léviter la main posée sur un mur, le Petit Monsieur tenter de monter sa tente, et les flammes de Pierre de Mecquenem embraser la place du Nombre d’Or. Ils furent nombreux à vivre le marathon théâtral de la cie Mœbius, dédié à Antigone, à écouter « Dans la solitude des champs de coton » de Bernard-Marie Koltès dans une ruelle étroite, à suivre la conférence sérieusement déjantée de l’Agence Nationale de Psychanalyse Urbaine ou à découvrir la fresque street art d’Akrylonumerik relatant l’histoire du quartier.
Dès le lancement de cette première ZAT, la rumeur a couru qu’un événement d’un nouveau genre venait de naître à Montpellier, pour le plus grand plaisir des spectateurs ou des passants de hasard. L’histoire des ZAT ne faisait que commencer !